Transmission, valeurs et impact : au-delà du patrimoine financier, les « capitaux invisibles »

Lors du Legacy Forum 2025, nous avons eu le plaisir d’échanger avec Aline Muller, Directeur général du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER). Elle y distingue clairement la succession, centrée sur le transfert d’actifs financiers et matériels, de la transmission, qui englobe aussi le passage des valeurs, de la vision et des méthodes de travail d’une génération à l’autre.

Pour elle, cette transmission immatérielle repose sur ce que l’on pourrait appeler des « capitaux invisibles » : le goût pour l’analyse concrète, la recherche de données probantes et la volonté de générer un impact mesuré et tangible. Dans le champ familial comme philanthropique, dépasser la simple intuition et mesurer réellement l’effet des actions devient un enjeu clé pour celles et ceux qui souhaitent s’inscrire dans la durée.

L'Art comme levier de cohésion sociale

Interrogée sur l’élargissement de l’audience de l’art, Aline Muller insiste sur son rôle potentiel dans la cohésion sociale. Dans un contexte où de nombreux indicateurs pointent vers une fragmentation croissante de nos sociétés, l’art peut créer une émotion partagée et rassembler des publics très différents autour d’une même expérience.

Elle plaide cependant pour une approche exigeante : les dispositifs artistiques et les programmes de mécénat culturel devraient être testés et évalués, afin de vérifier leur impact réel sur l’inclusion, le lien social ou l’ouverture à l’autre. Cela passe par des méthodes inspirées de la recherche expérimentale (notamment les essais contrôlés) et par une culture de l’évaluation rigoureuse des projets.

Le Luxembourg, laboratoire de politique fondées sur la preuve

Le Luxembourg est souvent présenté comme un laboratoire pour de nouvelles approches en matière de politiques publiques. Aline Muller souligne l’ambition du pays de devenir un modèle européen de politiques fondées sur la preuve (« evidence-based policies »).

Historiquement, le succès économique du Grand-Duché repose sur sa capacité à attirer et intégrer des talents venus de l’étranger. Cette réalité démographique et économique rend d’autant plus cruciales les politiques d’intégration, d’inclusion et de cohésion sociale. Les travaux de recherche menés au Luxembourg peuvent ainsi nourrir un plaidoyer plus large pour des politiques publiques appuyées sur des données solides, et non uniquement sur des perceptions ou des réflexes de court terme.

Mettre la recherche au service de l'impact réel

Au cœur de la mission du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER), il y a la volonté de mettre la recherche au service de la société. Il ne s’agit pas seulement de produire des articles scientifiques, mais d’éclairer concrètement :

• les politiques publiques,
• les acteurs socio-économiques,
• et, plus largement, toutes les organisations – y compris familiales et philanthropiques – qui souhaitent s’engager avec un impact tangible et vérifiable.

L’objectif n’est pas de remplacer l’intuition ou la vision par la seule statistique, mais de construire une complémentarité entre valeurs, convictions et preuves. En faisant le lien entre données, expérimentation et décision, le LISER contribue à donner davantage de consistance à ces « capitaux invisibles » qui se transmettent d’une génération à l’autre.

À propos du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER)

Le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) est un établissement public de recherche en sciences sociales et économiques, placé sous la tutelle du Ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur. Fondé en 1989 et établi comme centre de recherche public en 2014, le LISER mène des recherches fondamentales et appliquées pour faire progresser les connaissances scientifiques, éclairer les décideurs publics et contribuer à un développement socio-économique durable au Luxembourg, en Europe et au-delà.