À un moment où les repères classiques d’allocation vacillent et où les investisseurs recherchent de nouveaux équilibres entre sécurité et performance, nous avons interrogé Philippe Isnard, Associé chez Aella Conseil.
Son parcours d’ancien directeur financier, enrichi par l’audit et l’expertise comptable, nourrit une approche exigeante : anticiper les cycles, structurer des portefeuilles décorrélés et analyser les marchés avec rigueur dans un contexte devenu durablement volatil.
Dans un contexte de volatilité, comment adaptez-vous vos allocations pour sécuriser et développer le patrimoine de vos clients ?
Aujourd’hui, l’allocation doit combiner deux exigences : protéger les portefeuilles contre les chocs et capter des sources de performance moins dépendantes des marchés traditionnels. Cela passe par une construction plus technique : une partie du portefeuille reste ancrée sur des supports stables, tandis qu’une autre s’appuie sur des gestions dites “alternatives”, qui réagissent différemment aux cycles boursiers.
Ce travail d’allocation permet d’amortir la volatilité tout en conservant une dynamique de performance dans un environnement devenu moins prévisible.
Quelles classes d’actifs incarnent vos convictions fortes aujourd’hui (immobilier, private equity, obligations, produits structurés…) ?
Nos convictions se tournent vers une diversification plus large que les approches classiques. Cela inclut les gestions alternatives, le private equity — notamment dans l’immobilier — ainsi que certaines stratégies opportunistes capables d’offrir des moteurs de performance complémentaires.
L’idée n’est pas d’opposer ces classes d’actifs aux marchés traditionnels, mais de construire des portefeuilles plus robustes, moins sensibles aux aléas conjoncturels.
Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va.
Sénèque
Est-il encore possible de concilier sécurité, liquidité et performance dans une même stratégie patrimoniale ?
Oui, mais cela suppose de repenser la manière dont on construit un portefeuille. Aucun support ne peut, à lui seul, répondre à ces trois exigences. En revanche, une allocation qui combine une base sécurisée et pilotée avec des moteurs de performance complémentaires — qu’ils proviennent d’alternatives ou d’actifs moins corrélés — permet d’équilibrer ces objectifs.
Ce mix permet de stabiliser le portefeuille tout en captant des moteurs de performance inaccessibles aux stratégies traditionnelles. Ainsi, il est possible de développer des portefeuilles de risque 3 desquels attendre des performances annuelles supérieures à 6 % par an sur un horizon de placement à 8 ans.