Face à la volatilité persistante des marchés, à la normalisation des politiques monétaires et à un contexte macroéconomique différencié selon les zones, les investisseurs privés doivent adapter leur approche obligataire. Étienne Gorgeon, Responsable de la gestion obligataire chez Sanso Longchamp AM, partage ses convictions pour construire des portefeuilles robustes, équilibrés et performants.
Avec la remontée des taux longs et le désengagement progressif des acheteurs institutionnels, les obligations souveraines conservent-elles un rôle central dans les portefeuilles patrimoniaux ?
Dans un contexte de déficits publics persistants et de désengagement des banques centrales, les obligations souveraines peinent à offrir une rentabilité suffisante au regard du risque pris. Leur rôle historique de pilier défensif des portefeuilles patrimoniaux est remis en question. Le crédit, notamment investment grade à duration courte, et les obligations high yield apparaissent aujourd’hui comme une alternative plus attractive, combinant meilleur portage et diversification, tout en limitant l’exposition à la volatilité des taux longs.
L’inflation semble désormais enracinée dans certains pans de l’économie. Faut-il l’intégrer comme un scénario central dans les allocations à venir ? Et comment ?
Si certaines économies anglo-saxonnes montrent des tensions persistantes sur les prix, le diagnostic est plus nuancé en zone euro, où l'inflation sous-jacente reflue progressivement. Il serait donc prématuré d’en faire un scénario central universel. Dans ce contexte, l’allocation doit rester flexible : intégrer des protections ciblées contre l’inflation (comme des obligations haut rendement), sans surpondérer ce risque au détriment d’autres facteurs (ralentissement économique, resserrement monétaire prolongé). Une approche équilibrée, guidée par une analyse macroéconomique différenciée par zone géographique, semble plus pertinente.
Crédit corporate, duration courte, sélection géographique : quels filtres utiliser pour identifier les bons émetteurs dans un contexte aussi incertain ?
Dans un environnement européen caractérisé par une inflation en reflux et un soutien budgétaire renforcé (plans allemands et européens), la croissance reste un moteur de soutien au crédit. L’allocation privilégie le crédit corporate à duration courte, moins sensible à la volatilité des taux, tout en offrant un portage attractif. Le high yield, sélectionné avec rigueur, reste une source de rendement pertinente. La sélectivité est clé : solidité des bilans, visibilité sur les cash flows, position concurrentielle et exposition sectorielle constituent les filtres essentiels pour capter les opportunités tout en maîtrisant le risque.
Plus largement, comment Sanso Longchamp AM adapte-t-il ses convictions obligataires pour accompagner les besoins de rendement, de visibilité et de protection des clients privés ?
Dans un contexte de normalisation monétaire et de volatilité persistante, Sanso Longchamp AM concentre ses allocations obligataires sur des titres privés offrant un couple rendement/risque attractif. Notre approche repose sur une sélection rigoureuse, menée par nos équipes crédit et taux, afin d’identifier des emprunts corporate de courte maturité, en investment grade comme en high yield de qualité. Cette stratégie permet de capter du rendement tout en minimisant le risque de taux et de crédit. La diversification et l’analyse fondamentale approfondie sont au cœur de notre gestion, au service des besoins de visibilité, de performance et de stabilité des clients privés.