Dans un climat de normalisation monétaire et d’espoir de reprise en Europe, les petites capitalisations peuvent-elles renouer avec leur rôle de catalyseur de performance ?
Longtemps délaissées, les small caps bénéficient pourtant historiquement des phases de redémarrage économique. L’équipe d’Erasmus Gestion partage avec Hubfinance son analyse des conditions nécessaires à leur retour en grâce en 2025.
Dans un contexte de normalisation monétaire et de reprise économique attendue en Europe, les small caps peuvent-elles redevenir un moteur de performance en 2025 ?
Dans un contexte de normalisation monétaire et de reprise économique en Europe, les small caps pourraient redevenir un moteur de performance pour les portefeuilles des investisseurs en 2025, à condition que plusieurs facteurs clés se concrétisent.
1 - Stabilisation ou baisse des taux en Europe : Une politique monétaire accommodante, marquée par une réduction des taux directeurs, est souvent corrélée à la surperformance des small caps. Historiquement, cet effet se manifeste pleinement environ un an après la première baisse des taux, en stimulant la croissance et les valorisations de ces entreprises.

Par ailleurs, la normalisation monétaire devrait améliorer les conditions de financement pour les small caps, qui sont aujourd’hui bien moins endettées qu’en 2018.
Dans notre fonds, le ratio moyen de dette nette/EBE s’établit à environ –0.1x, donc une situation de trésorerie nette, reflétant une structure financière saine et un potentiel de croissance renforcé.
2 - Une reprise économique tant attendue en Europe
En 2023 et 2024, la croissance de l’Allemagne sous-performe largement celle de la zone européenne comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous.

Cependant, le plan de relance allemand devrait stimuler la croissance du PIB et soutenir la dynamique de la défense européenne, qui prévoit de mobilier jusqu’à 800 milliards d’euros d’ici 2030.
En période de croissance économique, les small caps tendent à surperformer car elles sont :
- Plus domestiques que les large caps (et donc mieux placées pour capter une reprise locale)
- Plus agiles pour profiter de nouvelles opportunités de croissance
Les secteurs représentés dans les small caps (industrie, consommation discrétionnaire, technologies de niche, etc.) sont pro-cycliques, donc très sensibles à l’activité économique.

Répartition sectorielle de notre fonds Erasmus Small Cap Europe
3 - Une valorisation attractive
Après plusieurs années de sous-performance, les small caps en Europe sont aujourd’hui nettement décotées par rapport aux grandes capitalisations :
- Décote historique sur le ratio cours/bénéfices : historiquement et c’est statistique, une valorisation des petites capitalisations européennes sur ces niveaux implique 15% de performance annualisée dans les 5 années suivantes.
- Potentiel de revalorisation si les investisseurs reviennent sur cette classe d’actifs

Les large caps américaines se négocient actuellement à des niveaux historiquement élevés, tandis que les small caps européennes, en revanche, affiche des valorisations historiquement basses. Ce contraste renforce les perspectives de hausse pour cette classe d’actifs, offrant un potentiel attractif pour les investisseurs.
Les small caps européennes affichent une décote historique par rapport aux large caps. Cette situation est-elle principalement technique ou reflète-t-elle une tendance plus structurelle dans les allocations d’actifs ?
La décote historique des small caps européennes par rapport aux large caps est le résultat d’une combinaison de facteurs techniques et structurels :
1 - Facteurs techniques conjoncturels :
- La hausse des taux d’intérêt ( 2022-2023) qui a pénalisée les petites entreprises souvent plus sensibles au coût du capital
- Une décollecte massive de la classe d’actif depuis 2028 dont presque 40% des flux ne sont pas revenus
- Une moins bonne couverture de cette classe d’actif par les analystes : Moins d’attention des analystes sur les small caps entraîne un manque de visibilité auprès des investisseurs, alimentant leur sous-valorisation.

Valorisation des Small Caps vs Large Caps en Europe
2 - Facteurs plus structurels
- L’évolution des allocations d’actifs des acteurs institutionnels avec la montée en puissance de gestion passive, en forte croissance, favorise mécaniquement les grandes capitalisations via les ETF et les stratégies indicielle.
- Les small caps, plus domestiques, souffrent d’un biais de perception de risque plus élevé.
Quels sont aujourd’hui, selon vous, les critères fondamentaux les plus pertinents pour identifier les small caps les plus prometteuses dans un environnement incertain ?
Dans un environnement incertain (faible visibilité macro, taux encore élevés, géopolitique instable), identifier les small caps les plus prometteuses demande une approche fondamentalement rigoureuse.
Dans notre équipe, nous nous focalisons : Rendements capitaux investis (ROCE), Alignement des intérêts avec le management, Dette/EBE, ou encore la croissance du Free Cash Flow.
Nous disposons en interne d'une équipe étoffée d'analystes et de gérants, dédiée à la couverture d'un vaste univers de titres. Cette expertise nous assure une connaissance approfondie de chaque ratio, KPI ou information fondamentale les concernant.
Vous vous apprêtez à lancer un fonds fermé dédié aux small et micro caps européennes. En quoi ce format est-il particulièrement pertinent dans le contexte actuel, et comment répond-il aux biais comportementaux des investisseurs long terme ?
Le lancement imminent de notre fonds EDL 2030, un fonds fermé dédié aux micro et small caps européennes est une décision particulièrement stratégique dans le contexte actuel. Ce format est conçu pour neutraliser deux défis majeurs : l'illiquidité naturelle de cet univers d'investissement et les biais comportementaux des investisseurs.
Contrairement à un fonds ouvert, sa structure fermée sur 5 ans lève le risque de se voir confronter à une vague de rachats, précisément au moment où il faudrait réinvestir. Libéré de cette pression de liquidité, le gérant n'est plus contraint de vendre des actifs à perte pour faire face à des vagues de sorties.

En conséquence, la stabilité du portefeuille est mécaniquement renforcée. L'équipe de gestion peut ainsi déployer une stratégie de conviction, plus concentrée et plus patiente, en se focalisant uniquement sur la valeur intrinsèque des entreprises sans devoir arbitrer sous la contrainte des flux.
Ce cadre offre une protection contre plusieurs biais comportementaux qui dégradent la performance :
- Le biais de fuite face à la volatilité : En l'absence de rachats possibles, l'investisseur est protégé contre la tentation de céder à la panique et de vendre ses positions au pire moment.
- La sur-réaction aux événements : L’horizon de temps long du fonds agit comme un amortisseur, neutralisant les décisions impulsives basées sur des émotions à court terme.
- Le suivi de la tendance (comportement grégaire) : La stabilité de la structure empêche le gérant d'être influencé par les flux du marché, lui permettant de ne pas participer aux mouvements de foule irrationnels.
- La myopie du court-termisme : Le format fermé aligne l'investisseur sur l'horizon de création de valeur de l'entreprise, bien au-delà des fluctuations trimestrielles.