Jean-François Gramain (Pragmatik Partners) : garder l’humain au cœur du métier

Chez Hubfinance, nous croyons à la force du collectif et à la puissance du partage. Rien ne remplace les histoires vécues : ces petits détails de métier, de doutes et de réussites qui, transmis de pair à pair, nourrissent toute une communauté.

C’est dans cet esprit que nous avons lancé Inside Wealth : une fenêtre ouverte sur celles et ceux qui façonnent la gestion de patrimoine, chacun à leur manière, avec leur propre vision du métier, du conseil et de l’avenir.

Aujourd’hui, lumière sur Jean-François Gramain, fondateur de Pragmatik Partners. Diplômé de Paris-Dauphine et de Lyon 3, il a débuté sa carrière comme gérant de fortune à Paris chez SG Private Banking puis UBS, avant de rejoindre le Luxembourg pour piloter le développement de Natixis Wealth Management. En 2021, il crée Pragmatik Partners pour accompagner les entrepreneurs fortunés dans leurs enjeux financiers et patrimoniaux. Depuis 2023, il est également CFO de Silian Partners, société de conseil spécialisée dans les semi-conducteurs.

Au fil de cette interview, il partage sa vision du métier : anticiper les ruptures, choisir ses combats, et garder l’humain au centre dans un secteur en pleine mutation.

Quels seront les grands défis de la profession dans les 10 prochaines années ?

Pour moi, le principal défi sera de continuer à améliorer la qualité du service pour répondre à des clients toujours plus exigeants.

L’intégration de l’intelligence artificielle dans nos métiers est une évidence, mais elle devra être pensée avec discernement. L’IA ne doit pas remplacer la relation, elle doit l’enrichir : faciliter certains process, dégager du temps pour mieux écouter et mieux conseiller.

Enfin, il faudra savoir anticiper les ruptures technologiques et choisir les bons partenaires. Dans un environnement qui change vite, la créativité et l’agilité seront essentielles pour ne pas tomber dans des solutions trop standardisées. À mon sens, c’est cette capacité d’adaptation qui fera la différence.

Quelles compétences (tech, soft skills, réglementation) deviendront incontournables ?

Ce métier nécessite déjà de nombreuses compétences, et cette tendance va s’accentuer.

• La réglementation et la veille technologique resteront des fondamentaux pour s’adapter aux évolutions du secteur.
• La digitalisation, si elle est bien maîtrisée, permettra de gagner en efficacité, mais elle demandera aussi de renforcer la qualité de la relation client et d’être irréprochable sur la sécurité et la confidentialité.
• Les soft skills – écoute, capacité à créer du lien, exigence de personnalisation – resteront au cœur du métier.
  
  

Si vous deviez définir le professionnel de demain en trois mots, lesquels choisiriez-vous ?

Je dirais : humain, exigeant, sélectif.

• Humain, car la proximité et l’écoute resteront au cœur du métier.
• Exigeant, parce que rien ne doit être laissé au hasard dans la relation et dans la qualité du service rendu.
• Sélectif, enfin, car dans un univers saturé d’offres et de solutions, savoir identifier les bons partenaires et les bons outils fera toute la différence.

Pensez-vous que l’arrivée massive de l’IA et des plateformes digitales accélère déjà cette transformation ?

Oui, clairement.

L’IA et les plateformes digitales simplifient certains process et font gagner du temps sur l’opérationnel.  Mais elles rendent aussi les décisions plus complexes : le choix du bon partenaire ou produit devient plus difficile avec la multiplication des offres et la pression marketing.

Finalement, le temps économisé sur l’opérationnel est souvent réinvesti dans l’analyse, la comparaison et la sélection. Ce n’est pas un paradoxe : c’est la preuve que le digital doit rester un outil, pas une finalité. Le véritable enjeu sera de conserver l’humain et le conseil personnalisé comme piliers de la relation.

Quelle est votre ambition à long terme pour votre cabinet dans ce contexte de mutation ?

Avec Pragmatik Partners, mon ambition est claire : grandir en gardant le cap, sans céder aux effets de mode ou aux solutions de facilité.

Je reste ouvert aux opportunités offertes par le digital, mais je m’efforce de toujours garder un esprit critique. Chaque nouvel outil, chaque nouvelle approche doit répondre à une seule question : apporte-t-elle réellement de la valeur à mes clients ?

Ma conviction est simple : l’évolution doit renforcer la qualité du service, jamais l’affaiblir. C’est dans cet équilibre que se trouve la pérennité du métier. Et au fond, l’humain doit rester notre principal moteur.