Deux ans après une réforme qui a bousculé tout l’écosystème, le paysage de l’intermédiation en assurance, banque et finance retrouve de la sérénité. Derrière cette stabilité apparente, des mouvements profonds redessinent les rôles : montée des CIF, consolidation des mandataires, reflux du crédit. Le rapport de l'ORIAS 2024 en dit long sur l’avenir de la distribution patrimoniale et sur les défis qui attendent CGP, assureurs vie et banquiers privés.
Un marché qui digère la réforme
Le rapport annuel 2024 de l’Orias (www.orias.fr), publié en septembre, confirme la sortie de crise. Après la chute de 2023 (-2,6 % d’intermédiaires immatriculés), le registre repart légèrement à la hausse. Fin 2024, il comptait près de 70 000 professionnels, pour 118 308 inscriptions, soit +1 % sur un an. Le marché a donc absorbé le choc de la réforme du courtage de 2022 et entre dans une phase de consolidation.
L’Orias : le guichet unique des intermédiaires
Depuis 2007, l’Orias tient le registre des métiers de l’intermédiation. Initialement centré sur l’assurance, il couvre aussi les CIF, courtiers en crédit et acteurs du financement participatif. En 2024, il a traité plus de 61 000 demandes, avec des délais réduits à 4 jours pour une inscription et 2 jours pour une modification. Avec 2,24 millions de visites sur son site, il est devenu un point de référence pour tout l’écosystème.
Assurance : la poussée des mandataires
L’assurance reste le socle de l’intermédiation.
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Les courtiers en assurance vie retrouvent une légère croissance (+0,9 %).
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Les agents généraux se stabilisent (+0,3 %).
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Les mandataires d’assurance bondissent de 19 %, effet direct des regroupements opérés par les assureurs.
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Les mandataires d’intermédiaires progressent de 2,5 %.
La tendance est claire : les assureurs misent sur des réseaux plus souples et capillaires, au détriment du courtage classique.
CGP et CIF : la valeur du conseil global
Le statut de CIF poursuit sa progression (+5,1 %, 7 054 immatriculations). Pour les CGP, il devient un atout stratégique : il permet d’offrir une approche intégrée, combinant assurance vie, crédit et allocation financière.
La profession se structure : 63 % exercent en société, l’âge moyen est de 50 ans, et près de 4 intermédiaires sur 10 cumulent plusieurs statuts. L’hybridation des modèles s’impose comme la nouvelle norme.
Crédit : un maillon fragilisé
À l’inverse, le courtier en crédit reste en recul (-5,1 % en 2024, après -9,6 % en 2023). Les mandataires d’intermédiaires suivent la même pente (-2,9 %), tandis que les mandataires exclusifs progressent légèrement (+1,5 %).
Dans un marché immobilier ralenti et contraint, les CGP devront explorer de nouvelles solutions de financement, comme le crédit lombard, private debt, financements alternatifs, pour continuer à accompagner leurs clients.
Conformité : un gage de crédibilité
L’Orias accentue aussi son rôle de contrôle : 27 343 vérifications de casier judiciaire ont été effectuées en 2024, entraînant quelques refus d’inscription. Les seuils de couverture en RC professionnelle ont par ailleurs été relevés à 1,56 M€ par sinistre et 2,31 M€ par an. Ces exigences renforcées consolident la confiance des investisseurs et valorisent les acteurs les plus rigoureux.
Vers une intermédiation plus sélective et plus stratégique
Le rapport 2024 dresse un constat sans appel : le marché français de l’intermédiation ne stagne pas, il se transforme. Les CIF s’affirment, les mandataires prennent le pouvoir, le crédit s’essouffle.
Pour les family offices, banquiers privés, assureurs vie et sociétés de gestion, la priorité est claire : soutenir les partenaires les plus solides, accompagner leur montée en compétences et miser sur les modèles capables de conjuguer conformité, innovation et valeur ajoutée.
Chez Hubfinance, nous suivons ces évolutions de près avec nos membres CGP et partenaires.
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