L’assurance-vie continue de s’imposer comme le placement de référence des Français. En janvier 2025, elle a atteint un seuil symbolique en dépassant les 2.000 milliards d’euros d’encours, selon les chiffres publiés par France Assureurs. Ce niveau record marque une croissance annuelle de 5,3 %, témoignant d’une dynamique soutenue et d’un regain de confiance des épargnants. Mais que signifie réellement cette performance et quelles perspectives offre-t-elle aux investisseurs ?
Une collecte nette au plus haut depuis 15 ans
Les chiffres de janvier 2025 sont particulièrement éloquents. Les cotisations versées sur les contrats d’assurance-vie ont progressé de 10 % sur un an, atteignant 17,3 milliards d’euros, soit leur plus haut niveau historique. Cette dynamique s’explique par une nette progression des versements sur les fonds en euros (+12 %) et sur les unités de compte (+6 %).
Parallèlement, les prestations (rachats et versements en cas de décès) ont reculé de 6 %, pour s’établir à 12,8 milliards d’euros. Cette contraction traduit une tendance à la fidélisation des capitaux investis, signe d’une confiance accrue des assurés dans ce produit. Résultat : la collecte nette s’élève à 4,5 milliards d’euros, soit plus du double de celle enregistrée un an plus tôt et un niveau inégalé depuis janvier 2010.
Les unités de compte en vedette, les fonds en euros en retrait
Si l’assurance-vie affiche des performances impressionnantes, la répartition des investissements révèle des tendances contrastées. Les supports en unités de compte (UC), réputés plus dynamiques mais aussi plus risqués, ont enregistré une collecte nette de 5,2 milliards d’euros, confirmant leur attrait croissant auprès des investisseurs en quête de rendement. En revanche, les fonds en euros ont subi une décollecte de 600 millions d’euros, poursuivant un mouvement de désaffection amorcé ces dernières années.
Cette évolution s’explique notamment par le contexte économique et financier. Les marchés actions ont affiché de solides performances en début d’année, avec un CAC 40 en hausse de 7,72 % en janvier. Cette embellie a dopé les UC, dont les rendements sont directement liés aux fluctuations des actifs sous-jacents. À l’inverse, les fonds en euros, bien que sécurisés, peinent à offrir des performances compétitives face à l’inflation et aux nouvelles opportunités de diversification.
Un moteur essentiel du financement de l’économie
Au-delà de ces dynamiques, l’encours record de l’assurance-vie souligne son rôle clé dans l’économie française et européenne. Près des deux tiers des capitaux sont investis dans des titres d’entreprises, tandis qu’un quart est alloué aux obligations souveraines. En d’autres termes, les fonds placés par les épargnants irriguent largement le tissu économique, contribuant au financement des entreprises, des infrastructures et des projets de développement.
Paul Esmein, directeur général de France Assureurs, a d’ailleurs souligné l’importance de cette contribution : « Les épargnants français, à travers leurs cotisations, jouent un rôle significatif dans le soutien de l’économie. Cette dynamique témoigne d’une confiance durable envers l’assurance-vie et de son attractivité en tant que produit d’épargne de long terme. »
Le PER en forte accélération
En parallèle, le Plan d’Épargne Retraite (PER) a également connu un début d’année exceptionnel. En janvier 2025, les cotisations versées sur les PER assurantiels ont bondi de 40 % sur un an, atteignant 1,3 milliard d’euros. La collecte nette s’est établie à 958 millions d’euros, en progression de 39 % par rapport à janvier 2024.
Ce succès s’explique en partie par l’attrait fiscal du PER et par l’accélération des transferts depuis d’anciens contrats d’épargne retraite, qui ont concerné près de 55.000 assurés en janvier pour un montant total de 1,6 milliard d’euros. Aujourd’hui, 7 millions d’épargnants détiennent un PER assurantiel, avec un encours global de 96,5 milliards d’euros, dont 44 % en unités de compte.
Perspectives : quels défis pour l’assurance-vie en 2025 ?
Si les performances de janvier sont encourageantes, plusieurs défis se dessinent pour le marché de l’assurance-vie en 2025. La question de la rentabilité des fonds en euros reste centrale, dans un contexte de remontée des taux d’intérêt et de diversification accrue des placements. La montée en puissance des unités de compte implique également une pédagogie renforcée pour accompagner les épargnants dans leurs choix d’investissement.
Par ailleurs, la réglementation et les évolutions fiscales pourraient influer sur l’attractivité du produit. Les discussions autour de la fiscalité de l’assurance-vie et de la réforme de l’épargne à long terme seront à surveiller de près.
Malgré ces incertitudes, l’assurance-vie confirme son statut de pilier de l’épargne des Français. Avec un encours dépassant les 2.000 milliards d’euros et une dynamique de collecte record, elle devrait continuer d’occuper une place prépondérante dans la stratégie patrimoniale des investisseurs soucieux de conjuguer rendement et sécurité.